Une École à Bodh Gaya dans l’Écho des Vosges

Photo de l'article de Marie-Pascale dans l'écho des Vosges

Une marraine, Marie-Pascale, nous à fait l’honneur de publier un article au sujet de l’école dans l’écho des Vosges du 10 juillet 2025. En voici la retranscription intégrale.

Une École à Bodh Gaya

Le 21 Juin dernier, l’assemblée générale de l’association « Une École à Bodh Gaya » prenait une tournure exceptionnelle avec la visite de son directeur d’école, Rajesh Verma, arrivé en France avec sa femme Sangita et leur fille Khushi depuis la ville de Bodh Gaya, au nord-est de l’Inde, jusque dans les Vosges au centre monastique de Lusse. Retour sur une aventure humaine et spirituelle initiée en 2002 à partir de sa rencontre avec Lama Tsultrim Gélék, alias Jean-Marc Gandit, dirigeant fondateur de ce centre Bodhicharya-France et trésorier de l’association « Une École à Bodh Gaya » : quand la générosité s’associe à l’efficacité pour améliorer le sort des enfants issus principalement de la caste des intouchables – mais aussi celui des femmes et des personnes âgées.

Un temps fort que cette assemblée générale a Lusse, petit village entre Colmar et Saint-Dié où niche dans ses hauteurs ce centre monastique placé sous l’autorité spirituelle du vénérable Ringou Tulkou Rinpoché, l’un des maîtres du bouddhisme contemporain dans le courant Kagyupa, et du Lama Tsultrim Gélék originaire de Grenoble (Cf. le documentaire en ligne de Francis Bourguer: « être moine bouddhiste à Bodhicharya-France »). Le siège de l’association « Une École à Bodh Gaya » est basé à Meudon chez son secrétaire Yves Tisserand, originaire de Nancy et retraité de l’ingénierie en trafic aérien. Elle est présidée par Brigitte Quéro, elle aussi francilienne, originaire de Metz, autrice aux éditions Le Dauphin (Entretiens avec mon ange). Parrains et marraines sont venus en nombre à la rencontre de Rajesh : une personne valeureuse, probe et discrète, de religion hindoue, « guidée par l’amour plutôt que par les dogmes religieux » nous dit Lama Tsultrim – un directeur d’école à contre-courant aux allures de pionnier, dont le fils aîné s’apprête à pérenniser l’ouvrage de sa vie. Répondant aux félicitations pour sa ténacité et son engagement sans faille, il exprimait à son tour toute sa gratitude, rappelant que sans donateurs, rien n’aurait été possible.

Genèse d’une grande réalisation

En 2002, c’est précisément lors de la rencontre du Lama Tsultrim, en voyage en Inde, avec Rajesh, alors serveur dans un hôtel de Bodh Gaya, que va naître ce projet basé sur leur indéfectible amitié. Au fil de la conversation qui s’engage entre eux, le jeune homme de 23 ans mentionne son rêve : fonder une école où l’enseignement serait dispensé gratuitement aux enfants pauvres de cette région ! Lui-même n’a bénéficié que de trois années de scolarisation, et il a vendu son sang pour que son frère puisse accéder à l’école. Nous sommes à Bodh Gaya, haut-lieu de pèlerinage bouddhiste, dans la ville où voici environ 2600 ans, le Bouddha réalisait l’éveil sous son figuier. « Les villages environnants sont dans une extrême misère, sans eau ni électricité, sans école ni centre de soins, les habitants travaillant pour ta plupart comme ouvriers agricoles, vivant essentiellement de la culture du riz et de l’élevage. Ce sont des « intouchables », victimes des coutumes, qui perdurent malgré l’abrogation officielle du régime des castes de puis l’indépendance il y a une cinquantaine d’années. » (Extrait du site internet ueabg.fr : Une École à Bodh Gaya et le système des castes).

La ville fait partie de la province du Bihar, au nord-est de l’Inde, entre Bénarès et Calcutta : c’est l’un des états les plus pauvres de l’Inde et il compte 80 millions d’habitants – avec pour capitale Patna, 2 millions d’habitants, à peu près l’équivalent de Paris intra-muros.

Excellence de résultats

L’idée d’un parrainage d’enfants a donc fait son chemin, aboutissant à la création de cette association qui collecte des fonds intégralement reversés l’ONG indienne Tara Helping Education Society Fundation. créée spécialement par Rajesh. Cette école non confessionnelle présente d’excellents résultats aux examens gouvernementaux de la classe 10 (qui correspond a la seconde chez nous), surpassant les écoles privées locales. Le principe des castes n’y est pas appliqué, et les élèves bénéficient d’un repas par jour et d’un suivi médical. En outre, l’école offre des soins gratuits à la population misérable des villages environnants ; elle s’est ouverte aux femmes avec la mise en place d’un atelier couture, une initiative favorisant visiblement leur épanouissement et leur autonomie. Mais lors d’un précédent voyage, Lama Tsultrim reçoit un choc en trouvant par terre une femme âgée très malade, complètement isolée, abandonnée par les siens. Il n’avait jamais vu ça auparavant. L’association s’est donc attachée à la création d’un home pour senior pour venir en aide aux personnes âgées rejetées par leur famille. Contigu à l’école, il permet aussi de retisser des liens inter générationnels.

Un versement mensuel de trente euros permet de s’embarquer dans cette belle aventure collective, nourrie d’échanges épistolaires avec l’enfant, voire de visites personnalisées sur place. Le parrainage est une relation humaine et économique qui change la vie, quel que soit son statut social. Un agrandissement du cœur en quelque sorte.

M-P.G, l’Écho des Vosges, 10 juillet 2025