Lettre d’information N° 17

LETTRE D’INFORMATION N° 17

(janvier 2011)

Tout d’abord un rappel des principales informations de la lettre d’info n°16 (compte-rendu de l’assemblée générale du 17 septembre 2010), qui n’est pas parvenue à tous les membres :

Un nouveau bâtiment a été construit début 2010, abritant un centre médical et une salle pour des cours de couture, destinés aux villageois adultes des environs de l’école. Il a été inauguré le 21 juin 2010 en présence de nombreux villageois.

L’excédent de l’année 2009 a servi à la construction du nouveau bâtiment (coût 25 000 €).

DIVERS

Un parrain parlant anglais accepte d’aider les parrains non anglophones à traduire les lettres qu’ils souhaitent envoyer à leur filleul : s’adresser au secrétariat.

Avertissement aux parrains : Ne pas envoyer d’argent dans les lettres aux enfants : cela risque de porter préjudice au directeur de l’Ecole Rajesh, les enfants ayant reçu des lettres sans argent penseraient que Rajesh garde l’argent pour lui !

LE VOYAGE A BODH GAYA

Le secrétaire et le trésorier de l’association, accompagnés d’un moine et d’un parrain sont restés à Bodh Gaya une douzaine de jours, du 1er au 14 janvier 2011, pendant la période la plus froide de l’hiver (la température était entre 2° et 5° la nuit et entre 10° et 16° entre 12h et 15h). C’est une période à éviter pour les touristes ! (aucune maison ni hôtel n’est chauffé) mais cela nous a permis de saisir ce que l’hiver signifie pour un Indien du Bihar.

Nous avons rapporté des films (qui permettront de faire un nouveau DVD qui sera proposé aux membres dans quelques semaines), et des photos, qui seront mises sur le site.

Nous avons été très heureux, joyeux et émerveillés par cette oasis de paix, d’ordre et de propreté (à côté du vacarme, de la saleté, de la poussière et de la pollution de la bourgade), et infiniment reconnaissants aux parrains et donateurs qui permettent ces réalisations qui soulagent tant de misères.

l’Ecole

Les classes

Il y a 10 classes et 10 instituteurs, dont 2 jeunes femmes. Les classes I et II sont trop chargées : nous avons pris la décision de créer une nouvelle classe et donc d’embaucher un instit.

Rappelons que la numérotation des classes est à l’anglaise, la classe X correspond au bac, donc environ à 18 ans. Les effectifs sont : 27 enfants en classe LKG (petite maternelle), 27 enfants en classe UKG (grande maternelle), 37 enfants en classe I, 45 enfants en classe II, 27 enfants en classe III, 20 enfants en classe IV, 27 enfants en classe V, 19 enfants en classe VI, 14 enfants en classe VII, et 9 enfants en classe VIII : ce sont les plus vieux, et ils ont environ 16 ans.

Pour toutes les classes sauf les maternelles, les instits sont spécialisés, il y a un prof de maths, un de sciences, un d’hindi et de sanscrit, un d’anglais, un de “sciences sociales”, etc… C’est le prof qui change de classe et non les élèves.

Le plus ancien des instituteurs se fait vieux, il a des problèmes d’yeux, venir en vélo à l’Ecole le fatigue, il va sans doute quitter l’Ecole : il a 41 ans…

Un nouvel élève de 10 ans par exemple ou plus s’il ne sait pas lire commence dans la classe I.

Les cours de couture aux élèves reprendront dans quelques mois.

La réunion avec les instituteurs

Elle a eu lieu le jeudi 6 janvier; au nom du bureau le trésorier de l’association a pris la parole : “Nous ne sommes pas ici pour des contrôles policiers mais pour informer les parrains et toujours essayer d’améliorer le fonctionnement de l’Ecole. Nous sommes heureux que vous preniez grand soin des enfants, ils ont besoin d’une bonne éducation mais aussi d’affection…”

Il a rappelé qu’il était important de respecter les règles d’Ananda Lakshmi, de bien faire travailler les élèves, de faire respecter la discipline mais ne jamais battre les enfants, de vérifier l’hygiène, le brossage des dents, la propreté…

Il est important qu’il y ait des instits femmes, pour les enfants qui n’ont pas de parents, et pour être un exemple d’une femme qui a un métier. Nous souhaitons peut-être un peu plus d’anglais.

Ensuite le prof de sciences se lève, remercie pour les jeux de récré (balançoires, toboggans, etc.), et demande l’aménagement d’un petit labo pour faire faire des travaux pratiques aux plus grands; nous donnons notre accord. Plusieurs autres profs se lèvent pour quelques phrases de remerciement.

Nous soulevons la question de la formation permanente : M. Upendar a suivi des cours auprès de l’UNICEF et a ensuite transmis l’information aux autres.

Lors de sa visite en France en juin 2011 Rajesh ira visiter des écoles pour s’informer sur leur fonctionnement et connaitre de nouvelles méthodes pédagogiques.

Le personnel

Sur la proposition de Rajesh, nous donnons notre accord pour embaucher une seconde femme de ménage car il y a beaucoup de travail avec les services du déjeuner, les classes, le nettoyage des toilettes 3 fois par jour, le Centre Médical et la classe de couture.

Nous demandons que le chauffeur consacre une journée par semaine aux petites réparations, électricité, volets qui ferment mal, etc.( Une nouvelle auto a été achetée d’occasion, spacieuse et en bon état).

L’assistant de Rajesh, M.Umesh, se montre très efficace : il habite un village proche de l’école, il connait tous les enfants, s’occupe des enquêtes sociales; et il encadre l’étude du soir; le seul problème, de notre point de vue, est de parler très peu anglais !

La vie des enfants

Au repas, les enfants ont du “rab” autant qu’ils veulent. La cuisine se fait au butagaz. Après le repas, ils vont chercher leur brosse à dents dans leur sac dans leur classe, un instit leur délivre une noisette de dentifrice (pour éviter le gaspillage), et ils se lavent les dents, ils n’ont le droit de jouer qu’après.

Nous constatons que le préau, que nous croyions grand, ne peut contenir qu’environ 150 enfants, bien serrés ! il y a donc deux services. Après consultation de l’ingénieur responsable des travaux et réception du devis nous avons pris la décision de l’agrandir par une salle en L contiguë de 17m x 8m.

Lorsque les enfants arrivent ils se déchaussent; ils sont ensuite pieds nus, à l’indienne, dans la classe (sauf les 4 plus grandes classes), le réfectoire et pendant la récréation, et se rechaussent pour repartir… Nous aimerions que pendant le mois d’hiver ils gardent leurs chaussettes en classe et mettent leurs chaussures pour la récréation…

Tous les samedis les uniformes sont contrôlés et changés si besoin, puis réparés par la prof de couture. Les enfants en prennent plus soin qu’au début. Rajesh demande aux parents que les enfants ne portent pas leur uniformes en dehors de l’école, ce qui est difficile, n’ayant pas souvent de quoi se vêtir…

Les enfants apprécient toujours autant la piscine, dans laquelle ils vont le samedi classe par classe après s’être douchés, sauf cette semaine à cause du froid. La nappe phréatique en-dessous de l’Ecole est pleine et le village voisin manquant d’eau, les villageois viennent se ravitailler le soir (après l’école) à la pompe de l’Ecole.

Le gouvernement donne des bicyclettes aux élèves à la fin de la classe VIII ! 4 en ont déjà reçu, les 5 autres bientôt.

2 enfants sont orphelins, sans père ni mère, et vivent chez une personne de leur famille, qui généralement ne leur porte aucune affection…; le père d’Anita (13-14 ans) est mort il y a 1 an 1/2, écrasé par un tracteur, elle vit chez sa tante. 3 n’ont pas de mère; 13 n’ont pas de père. Les pères de 2 enfants sont aveugles et ne peuvent plus travailler. 2 des enfants sont handicapés mentaux, l’un léger, l’autre ne parlait pas et était violent : Rajesh s’est beaucoup occupé de lui, l’a fait soigner à Gaya (25 km), lui a procuré des médicaments: il va beaucoup mieux maintenant; un jour de notre visite il a mangé 25 beignets, (la quantité moyenne des autres enfants: 2 à 3) ce qui signifie que les personnes chez qui il loge ne lui donnent pas à manger pendant les jours de fermeture de l’école… Rajesh est actuellement en discussion serrée avec le père d’une des grandes élèves, Sanju, pour qu’il ne la marie pas tout de suite, qu’il la laisse continuer ses études jusqu’à la classe X et deux ans de plus: en effet Sanju travaille très bien et voudrait être infirmière (elle gagnerait alors bien sa vie: environ 16 000Rs=290€ par mois).

Il semble que les filles sont plus “actives” dans leur travail, peut-être parce que, le soir à la maison, elles ne sortent pas et s’occupent en faisant leur travail scolaire, tandis que les garçons sortent pour jouer !

La petite brûlée il y a quelques années est maintenant mariée et a eu un fils, elle vit à 300km de Bodh Gaya

Le fonds de solidarité : “Helping fund”

Nous avons pris la décision que l’argent confié aux visiteurs de l’école par les membres de l’association servirait à alimenter un fonds de solidarité “Helping Fund”, géré par Rajesh.

Cela lui permettra d’aider ponctuellement une famille dans la détresse. Par exemple, il a récemment donné de son propre argent pour payer l’enterrement du père d’Anita (500Rs) et pour le mariage de la sœur de Reena en grande difficulté financière (1000Rs). Il pourrait acheter des pulls pour les petits qui vont bras nus en hiver par 5°, ou aider des familles qui perdent le peu qu’ils ont pendant la mousson, etc. Rajesh notera ce qu’il en fait. Il a un jugement sûr et notre entière confiance.

Une partie de cet argent a permis de donner à chacun des personnels une prime de 500 roupies (environ 9€).

Le Centre Médical “Tara medical center”

et la réunion avec le docteur Verma

Une inspection du Centre faite par le “Health Office” de Gaya a donné satisfaction, les documents d’agrément doivent arriver incessamment.

Il est ouvert depuis juin, 6 jours sur 7, sa fréquentation (10 à 50 personnes par jour) montre bien la pertinence du souhait de Rajesh. Dans ces villages “beaucoup de gens sont malades, plus qu’ailleurs, pas d’hygiène, pas de vêtements, pas de chaussures” dit le médecin, qui passe à notre Centre deux fois par mois.

L’assistant médical, nommé également Rajesh, (qui a travaillé longtemps dans un hôpital) assure les consultations tous les jours : il note dans un cahier chaque patient et les médicaments donnés, il mesure la tension, ausculte au stéthoscope; si quelqu’un se coupe il le recoud. Nous avons pu constater qu’il utilise des seringues à usage unique et un stérilisateur. En ce moment il y a beaucoup de rhumes, de bronchites…

S’il y a un problème plus grave auquel l’assistant ne peut apporter de solution, il rédige un document avec lequel le patient se présente à la consultation du docteur Verma en ville, il est alors soigné gratuitement (cela fait partie du salaire du médecin). En cas d’urgence la voiture de l’Ecole emmène le patient soit chez le médecin à Bodh Gaya, soit à l’hôpital de Gaya.

Nous décidons d’engager une assistante médicale, qui recevra une formation complémentaire par le docteur Verma, comme son homologue masculin : son domaine sera celui des problèmes gynécologiques des femmes. En effet la loi interdit qu’un homme seul examine une femme. Elle sera aussi chargée d’aller dans les villages faire un peu d’éducation pour les femmes (hygiène féminine, hygiène pour les bébés…).

Le médecin propose d’organiser au Centre le suivi médical des femmes enceintes, tous les mois à partir du 3e mois de grossesse, de leur donner quelques médicaments, en particulier du calcium, et de proposer le transport au moment de l’accouchement. Puisque nous sommes d’accord, il va faire passer tout de suite cette information.

Certaines personnes ne peuvent vraiment rien payer… Rajesh nous dit qu’il ne peut pas les laisser repartir sans soins, que ce serait mal (dixit Rajesh)… il envoie alors son assistant Umesh vérifier à leur domicile et regarde leurs “signes extérieurs de richesse” !!!, par exemple les bracelets… Ils sont alors soignés gratuitement. Nous l’approuvons sans réserve.

Rajesh et le médecin sont d’avis de participer à une campagne gouvernementale de stérilisation des femmes : Le médecin et le personnel nécessaire sont payés par le gouvernement, un kit est fourni comprenant tout le matériel nécessaire. Cela se fera au Centre dans les prochains jours lorsque une trentaine de femmes se seront portées volontaires.

Le Centre assure aussi les vaccinations des enfants : une campagne de vaccinations pour les bébés a été faite en décembre 2010 au dispensaire.

Remarque

Le docteur Verma, qui s’implique beaucoup depuis le début pour l’Ecole vient d’être désigné meilleur citoyen indien de l’année 2010 par une instance nationale, pour son travail social !

Il dit que le gouvernement donne de l’argent pour ce genre de programme de santé, mais que les fonctionnaires se le mettent dans la poche… Cependant depuis le changement de premier ministre au Bihar, il y a une grande amélioration dans les hôpitaux.

Les cours de couture aux adultes: “Tara Women Training Center”

168 femmes sont venues pour s’inscrire ! : il a fallu que Rajesh leur explique que ce n’était pas possible de les prendre toutes à la fois, et il a dû organiser une liste d’attente. Les cours ont débuté le 14 juin.

La professeur de couture est veuve avec 3 fils et une fille, et a pu survivre parce qu’elle savait coudre, elle pense donc qu’il est très important pour les villageoises de ne plus être complètement dépendantes de leur mari, et elle s’investit beaucoup. Elle donne trois cours de 2 heures par jour, avec 14 femmes à chaque séance, il y a 8 machines; il y a des “devoirs” à faire à la maison. Les femmes découpent le tissu par terre sur le lino…

Les villageoises paient 10 roupies pour un mois et achètent leur tissu, on fournit ciseaux et aiguilles; certaines sont si pauvres qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter du tissu, on le leur donne.

La réunion avec le comptable

Nous avons vérifié l’excellente tenue des comptes.

L’embauche de trois personnes de plus (une assistante médicale, un instituteur et une femme de ménage), le fonctionnement du dispensaire et des cours de couture et la forte augmentation du coût de la vie (le prix des oignons est passé de 20 à 80Rs en 3 mois) nous conduisent à augmenter la dotation mensuelle.

Fonctionnement du Centre Médical

Le comptable soulève un point délicat, il nous attendait pour en discuter avec nous de vive voix.

Jusqu’à présent nous demandions aux consultants de payer 20Rs par consultation, plus les médicaments. Mais ce fonctionnement doit être revu : notre association partenaire indienne THES ne paie pas d’impôt sur le revenu car c’est une œuvre caritative (l’Ecole est gratuite), et un fonctionnaire vient vérifier régulièrement les comptes ; mais si nous faisons payer les visites au Centre Médical, ce n’est plus gratuit, et nous devrons payer des impôts sur le revenu sur la totalité des sommes gérées par THES ! ce serait une somme très importante.

Une solution existe pour ne plus être considérés comme faisant des bénéfices au regard de la loi : demander aux patients de payer une sorte de carte d’adhérent : 20 roupies la 1ère consultation, et 10 Rs les suivantes. Ils ne paieront pas les médicaments en stock au dispensaire.

Pour la couture il n’y a pas de problème, les 10Rs/mois demandés ne sont pas considérés comme bénéfices.

Informations générales et quelques “codes” de “savoir vivre” en INDE

Les villages

Il y a 25 000 personnes vivant dans un rayon de 5 km autour de l’Ecole !

La récente briqueterie a été démolie, car elle n’a pas eu l’autorisation de s’implanter si près du village: il y a des lois contre la pollution !!!

L’Ecole est très proche d’un des villages nommé Pathra. Nous avons été le visiter, et avons ramené photos et films qui nous aideront à montrer comment ces gens vivent. Une ribambelle d’enfants nous suivaient, il y a encore beaucoup d’enfants à parrainer !

Nous avons pu visiter la maison d’un des enfants de l’Ecole : les maisons sont en terre, toute petites, couvertes d’un toit de chaume, avec une petite cour. Les vêtements sèchent ou sont rangés sur le toit. 1 ou 2 lits pour toute la famille sont mis en place le soir, des châlits avec du cannage; parfois les enfants dorment sur de la paille. Une grande jarre de terre contient le riz. Une “étagère” est modelée dans le mur de terre, et les cahiers de classe y sont rangés, les chaussures sont soigneusement rangées en hauteur.

Rajesh

Sa famille va bien. Il a maintenant deux garçons : Sumit ,six ans et Amit, 18 mois, très gentils et éveillés. Sumit nous a récité des poèmes; Amit nous semble très dégourdi, indépendant et très vif pour son âge.

Ils nous ont invités à dîner chez eux. On se doit alors d’apporter un cadeau, des fruits ou des biscuits. On commence par se laver les mains, puis on s’assied en tailleur sur le lit même de l’hôte;

en Inde les hôtes ne mangent pas avec les invités ! ils servent les invités et les resservent, et on mange en silence et rapidement… on n’est pas là pour discuter (nous avions étonné Rajesh quand il était venu en France : “pourquoi restez-vous tant de temps à table, et pourquoi n’arrêtez vous pas de parler?”). Il faut laisser un peu de nourriture, pour montrer qu’on est rassasiés, mais pas trop, pour montrer qu’on a aimé. Lorsqu’on reçoit un cadeau, on ne défait pas le paquet devant le donateur, on attend qu’il soit parti…

En réalité Rajesh a dîné avec nous, mais pas les autres membres de sa famille. Et les enfants ont déballé leurs cadeaux, pour faire plaisir aux occidentaux : Amit voulait le cadeau de Sumit, et réciproquement (et trois jours après les petites autos étaient cassées) exactement comme deux petits français ! La femme de Rajesh, Sanguitta, était beaucoup plus souriante et détendue que lorsque nous l’avions vue il y a 5 ans.

Rajesh habite toujours chez ses parents, parce que c’est comme ça en Inde…

La maison des parents, derrière et au-dessus de la boutique paternelle, comporte 11 pièces, dont 7 sont louées en saison à des pèlerins tibétains.

Rajesh, sa femme et leurs deux enfants, vivent dans une seule petite pièce, les parents dans une autre, et il y a encore le frère (qui fait ses études à l’ université de Bodh Gaya) et une sœur. Ils dorment tout habillés, avec sari, pantalon… La chambre des parents (~ 4m x 4m) sert aussi de salle de réception. Rajesh a un ordinateur, dans sa chambre aussi, avec une connexion internet, très lente.

En famille, ils dînent très tard, vers 22h; Rajesh mange d’abord, avec son père et ses enfants; les femmes mangent ensuite.

La sœur aînée de Rajesh est mariée depuis plusieurs années; quand son mari et elle se sont installés à Bodh Gaya, chez les parents de son mari comme c’est la coutume, son mari a ouvert une boutique de joaillerie, puisqu’ils appartiennent tous deux à la caste des joaillers… mais au début la boutique ne marchait pas bien, ne rapportait pas d’argent : la jeune femme était très mal vue, méprisée, quasi mise au ban par sa belle famille !

L’Inde

Le médecin nous raconte que si une fille est malade ou meurt, la famille attend, ne fait rien, dit “c’est la volonté de Dieu”, tandis que s’il s’agit d’un garçon, on ferait n’importe quoi pour le soigner, y compris vendre la maison de famille… Si un couple a des filles, il continue à faire des enfants jusqu’à ce qu’un garçon naisse. Il y a déjà actuellement 9 filles pour 10 garçons, il se prépare de graves problèmes dans 15 ans…

A Bodh Gaya il y a plus d’une dizaine de coupures d’électricité par jour, des générateurs prenant le relais dans certains hôtels, et aussi pour chaque groupe de commerçants (toutes les ampoules sont à économie d’énergie…). A l’Ecole il y a environ 1 heure d’électricité par jour.

Nous avons cependant remarqué quelques améliorations depuis 5 ans : les voitures et cars sont moins délabrés, il y en a un certain nombre de tout neufs, les routes sont goudronnées. Aller à Gaya (20 ou 30 km) était une expédition, et est maintenant rapide !

Le chemin en terre menant à l’école, inauguré par le député il y a 2 ans, est dans un sale état après 1 ou 2 moussons, nous lui avons envoyé une lettre pour lui rappeler sa promesse de le goudronner. Il a répondu : la route sera faite d’ici 2 mois.